Une journée comme une autre…

J’ai un de mes meilleurs amis que je traîne avec moi depuis des années. Depuis qu’on était en première section de maternelle en fait. On se connaît depuis qu’on a deux ans, on habitait à 500m l’un de l’autre, et on passait souvent notre temps l’un chez l’autre. Bon, on s’est un peu brouillé entre le collège et le lycée, parce qu’on était deux petits cons, mais on ne s’est jamais vraiment éloignés, et on a retrouvé un lien très fort au sein du groupe d’amis qu’on forme depuis lors. Évidemment, on a chacun tracé notre route de notre côté, mais c’est un groupe d’amis qui ne supporte pas d’être séparé trop longtemps, et pendant des années, il ne se passait pas une semaine sans qu’on se retrouve. Aujourd’hui, la vie fait qu’on a perdu quelques personnes en route et d’autres qui sont juste moins présents. Mais on est toujours là les uns pour les autres. Quant à lui, on est tous très amis avec sa sœur et son beau-frère qui ont intégré notre groupe sans difficulté, et même avec ses parents qu’on adore tous. Lui même, on le voit moins parce que son boulot d’avocat lui prend énormément de son temps. Ca ne l’a pas empêché de prendre en charge le dossier de mes parents l’année dernière, de leur sortir les couilles des ronces, en beauté en plus, et de les soutenir dans leur première (et dernière j’espère) aventure judiciaire. Et je passe tous les samedi devant chez ses parents lorsque je vais faire les courses, à chaque fois en me disant qu’il faudrait que je m’arrête pour leur dire bonjour et prendre l’apéro avec eux (mais je ne l’ai jamais fait, de peur de toujours tomber au mauvais moment).

Et là, la plupart des gens voient où j’en arrive. Il m’a envoyé un message ce soir me demandant si toute la troupe pouvait squatter chez moi samedi midi pour un barbecue improvisé, parce qu’il a besoin de présence suite au décès de son papa ce matin. Son papa qu’évidemment je connaissais très bien, que j’adorais, et avec qui j’avais bossé plusieurs week-end d’affilée chez ma sœur pour refaire toute l’électricité. Son papa qui nous ressortait les vieux vinyles d’AC/DC quand on faisait des soirées chez lui, mais qui gardait un œil sur la réserve de schnaps sur laquelle on lorgnait tous (moi un peu moins, certes, j’ai du mal avec les alcools forts). Après un an et demi de lutte contre le cancer, c’est maintenant fini. J’ai juste la maigre satisfaction d’être passé le voir il y a quelques semaines pour essayer de reconnecter sa télé, pour qu’il puisse passer un peu le temps. Et j’ai même pas réussi, puisque le soucis venait de sa connexion internet qui était inactive. Mais je crois qu’il avait apprécié d’avoir pendant quelques heures la compagnie de quelqu’un qu’il connaissait de longue date.

Le plus chiant, c’est qu’on ne sait pas quoi dire dans ces situations là. Alors oui, évidemment que je lui ai dit qu’on squattait chez moi samedi, ça va de soi. Mais à part ça ? Je refuse de tomber dans les banalités, parce que le père comme le fils comptent pour moi (et le reste de la famille aussi, d’ailleurs). Mais il n’y a pas de bons mots dans ces circonstances. Et ce qui me gonfle encore plus, c’est que je le connais, il n’arrivera pas à en parler, il va encore s’enfermer dans son travail pendant un temps, et on aura même du mal à le kidnapper pour lui changer les idées. Alors on va profiter de ce samedi, et on verra ensuite ce qu’on arrivera à faire.

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