Il y a une petite dizaine d’année, à un autre endroit, je participais annuellement à un défi qui s’appelait « Un mois pour tout savoir ». Ça consistait à profiter du mois de Mars pour révéler chaque jour un secret. A n’importe quel sujet, juste se débarrasser d’un secret chaque jour pendant 31 jours. J’y ai raconté plein de choses ; et au bout de quelques années, j’ai manqué de secrets. C’est là que je me suis rendu compte qu’une chose qu’on dit finalement peu aux autres, c’est combien ils comptent (alors ok, les gens qui me connaissent maintenant diront qu’à l’inverse, je le dis plutôt souvent… forcément, j’ai appris). C’était plutôt costaud à l’époque de trouver 31 personnes à remercier sincèrement. Mais j’ai gardé un bon souvenir de cette expérience.
Ça va faire au moins un an que je repense à ça, et que je me dis qu’il faudrait que je renouvelle l’exercice. Par contre, devoir faire un post par jour pendant 31 jours, c’est éprouvant. Alors je me suis dit que je ferai ça en une seule fois, et sans compter. Parce que ces dernières années ont été emplies de révolutions, de personnes qui m’ont ouvert les yeux sur tout un tas de choses. Et si j’aime beaucoup de personnes, il en est certaines qui ont une place particulière dans mon cœur. C’est de celles là dont j’ai envie de parler aujourd’hui.
Étant donné que je réfléchis chronologiquement, la première personne à laquelle je pense, c’est Nathalie. Comme toutes les personnes qui vont suivre, Nathalie est une personne formidable, à qui je dois énormément. C’est d’ailleurs à elle que je devais ce défi, à l’époque. Ce que je lui dois surtout, c’est une grande partie de la confiance que j’ai en moi aujourd’hui. Parce que si les gens qui me connaissent professionnellement me voient peut-être comme une machine de guerre, les gens qui me connaissent personnellement savent que c’est beaucoup plus subtil (et ignorent probablement la catastrophe que c’était avant). Et c’est aussi à Nathalie que je dois mes première explications du féminisme. Pour tout un tas de raison, on s’est perdu de vue il y a plusieurs années, et un peu par hasard, on a repris contact les derniers mois. Même si on échange moins aujourd’hui, faute de temps, c’est un plaisir d’avoir de nouveau de ses nouvelles et de savoir qu’elle se porte bien. Merci à toi pour tout ça.
La seconde personne à laquelle je pense, c’est Stéphanie, la personne de cette liste qui a eu le passage le plus court dans ma vie, et qui y a pourtant laissé à mon sens la marque la plus significative. J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi passionné, autant dans son choix de carrière que dans ses occupations. Sans surprise, c’est ça qui m’a fait beaucoup réfléchir à mes propres passions, et c’est par exemple suite à une conversation anodine avec elle que le fablab a fait son bout de chemin dans ma tête (même si c’est venu plusieurs mois après qu’on se soit perdu de vue, autant dire qu’elle n’a jamais su les changements qu’elle avait involontairement provoqué en moi). Et ça n’est pas rare, quand je réfléchis à des sujets dans lesquels j’ai envie de m’investir, que je pense à elle, et que je me souviens comment sa propre passion était contagieuse. C’est la qualité que j’aimerai arriver à avoir un jour, même si elle a placé la barre très haut. C’est à toi que je dois mes élans créatifs, et l’envie de les pousser jusqu’au bout ; et pour ça je ne te remercierai jamais assez.
C’est là que la chronologie est un peu confuse (il n’aura pas fallu longtemps), mais je pense que la personne suivante sur la liste, c’est Mehdi, qui a commencé comme jeune CDD à mon boulot, et qui avait envie de me tuer au bout d’une heure environ. Très rapidement, il est devenu un padawan, parce qu’on partageait un certain nombre de valeurs, et qu’il avait envie d’apprendre. A force de traîner avec moi, c’est devenu un ami. Puis quelque chose comme un petit frère. Aujourd’hui, on laisse tomber le terme petit, et s’il apprend toujours des choses de moi, j’en apprend tout autant de lui. Maintenant, on a développé cette amitié que je qualifierai de calme, parce que tout s’y passe naturellement et simplement, même quand on n’est pas d’accord où quand on est sur les nerfs. C’est toujours un plaisir que de grandir avec toi, mon frère.
Probablement peu de temps après, il y a eu Jo et Manue, qui bien que tellement différents l’un de l’autre, sont pour moi totalement indissociables. Même s’il m’arrive de faire des soirées avec juste l’un ou juste l’autre, la plupart du temps, les deux sont inséparables. Au départ, j’avais du mal avec le surnom qu’ils m’avaient donné. Papy, ça fait un peu vieux con. Mais eux y voient plus un côté sage et éclairé, comme si nos 10 ans d’écarts faisaient de moi quelqu’un de forcément plus sage. Et mine de rien, le fait qu’ils viennent souvent chercher conseil chez moi, et qu’ils appliquent un bon paquet de mes conseils, c’est une des choses qui m’a poussé à m’investir dans les cours d’Inkscape par exemple, et à vouloir partager ce que j’ai appris. Vous me poussez à partager, à ne pas juste faire les choses pour moi, merci les choux, pour ça, et pour le reste.
Bien que chronologiquement il soit antérieur à toutes ces personnes, je n’ai redécouvert Kemal que récemment ; en gros à son dernier déménagement. On s’était un peu éloignés, et puis un jour comme ça, c’est revenu sans prévenir. Outre toutes les qualités qu’il traîne avec lui, Kemal est quelqu’un qui vit dans un monde qui me semble totalement surréaliste, bien loin du mien. Mais c’est justement ça, à voir au delà de tout un tas de préjugés, de biais cognitifs, et à comprendre que le monde n’est pas obligatoirement tel qu’on le croit, qu’il m’a appris, et qu’il m’a montré, même. Et il est toujours là pour la piqûre de rappel si besoin. Qui plus est, il m’a aussi appris qu’on pouvait être un énorme nerd, et avoir une vie sociale parfaitement normale (normale pour lui, surréaliste pour moi). Merci mon ami, de me montrer le chemin de Wonderland.
J’ai toujours eu une relation très étrange avec la personne suivante (qui se reconnaîtra). C’est quelqu’un avec qui on a eu nos désaccords, et pourtant on est toujours proches. Ce qui est surtout marrant, c’est à quel point on est différents sur à peu près tous les sujets, y compris ceux que je lui dois. Si je retiens surtout le minimalisme et le zéro déchet dans les choses qu’elle a changé chez moi (et où on est sur des visions totalement différentes), je dois surtout saluer l’approche de la différence que je lui dois. Pendant longtemps, j’ai dit que je ne la comprenais pas, que ça façon de penser m’était totalement incompréhensible. Après en avoir parlé ensemble, je ne comprends pas plus sa façon de penser, mais je comprends maintenant la réalité de cette différence. Et je comprends que je n’arriverai probablement jamais à me mettre dans sa tête ; mais je comprends aussi que je n’ai pas besoin de ça pour avoir un échange apaisé avec elle. Tu sais déjà combien je te dois, et tu sais que ça ne m’empêchera pas de te dire à nouveau merci !
Plus récemment, c’est Aline qui, bien qu’elle n’ait rien demandé, a apporté du changement. C’est son exemple qui m’a poussé à la randonnée, qui m’a remis sur le vélo (pour le plaisir et pas pour le trajet), qui m’a poussé à retravailler plus concrètement ma forme physique, et qui de façon plus générale m’a fait retrouver un contact avec la nature qui me manquait. Les randos, perdu dans la forêt, c’est aussi des souvenirs d’enfance; mais là j’ai le plaisir de l’évasion, sans avoir à me préoccuper du rythme des autres. Ça a un côté libérateur que de naviguer à vue sur les petits chemins de terre. Une autre chose que j’ai appris d’elle, c’est la capacité à accepter ses propres différences, et à vivre sereinement avec. Ne pas être comme les autres n’est jamais simple, même si finalement on a tous ce problème à des degrés divers. Si je le vis spécialement bien actuellement, c’est parce que tu es une inspiration. Merci de continuer à m’apprendre.
Il y a encore plein d’autres personnes que je pourrai remercier, pour ce que je suis aujourd’hui, ou pour ce que je suis resté en étant à leur contact, parce que finalement, avoir une certaine constance peut aussi être une bonne chose. Je pourrai y passer des heures, et noyer un peu l’idée principale de cette liste. Je ne le ferai pas. Mais il reste une personne qui mérite un clin d’œil, et c’est Fabien. Merci copaing !
Alors que l’actualité nous pousse à une certaine morosité, ça me semblait important de rappeler que mon cœur déborde d’amour et de gratitude pour chacune et chacun d’entre vous. Et d’essayer de vous en faire passer un peu.