En discutant l’autre jour avec Phèdre, elle me demande de lui donner un conseil. Pas à propos d’un sujet, sans contexte, juste « un conseil », comme ça. J’avoue, j’ai été déstabilisé, j’ai pas l’habitude de réfléchir sans aucun contexte. Et finalement, c’est un exercice assez bizarre quand on ne s’y est pas un peu préparé. Essayez-voir, là comme ça ; vous devez donner un conseil à un ami, n’importe quel ami, n’importe quel conseil, mais de préférence, un conseil qui ait du sens et de la valeur, assez pour avoir un réel impact sur sa vie. Et quelque part, pour moi, j’ai rapidement résumé ça à « quel conseil j’aurai pu vouloir me donner dix ans plus tôt, vingt an plus tôt (ouais, je commence à accumuler les années, en fait) ? »
En fait, une fois que j’ai compris l’énoncé, la réponse m’a paru être d’une évidence à toute épreuve, en tout cas en ce qui me concerne. Mon conseil, à elle, à mon moi d’il y a des années, à n’importe qui qui voudrait profiter de mes échecs et de mon expérience ? C’est simple. « Sois créative. »
Et par là, je n’entends pas que « imagine des trucs » ou « trouve des idées ». Certes, ces étapes font partie de la créativité, mais la finalité, c’est bien de créer, de faire, de donner forme à ces idées, de les ancrer dans une réalité bien concrète qu’on peut plus facilement communiquer qu’une simple idée. J’ai pour ma part trop souvent été limité à la réflexion, à l’imagination, et je m’étais bien trop peu attaqué à la réalisation.
Au début, j’étais comme beaucoup de gens, à dire que je ne suis pas vraiment un créatif, que je n’avais aucun don pour ça, ni aucun talent (syndrome de l’imposteur, quand tu nous tiens…). Jusqu’à ce que je comprenne que la créativité n’est pas codée dans nos gênes, c’est comme beaucoup de compétences quelque chose qui s’apprend, qui se travaille, qui s’instruit. Et c’est un apprentissage qui ne finit jamais, parce qu’on n’est jamais *trop* créatif. On peut toujours l’être un peu plus.
Mais surtout, la créativité est une forme de thérapie, de moyen de reprendre confiance en soi, de se montrer qu’on est capable, et parfois même avec assez peu d’efforts. Et soyons honnête, c’est aussi un moyen de s’abrutir, de ne pas penser à certaines choses qui sont encore parfois trop fraîches pour être processées avec calme et recul. Et si parfois je me suis un peu trop enfermé dans ce travers pour éviter d’avoir à faire face à certaines de mes erreurs ou certaines de mes expériences pas forcément heureuses, il y a toujours une sortie obligatoire quand on arrive au bout d’une création importante (mon salon, anybody ?)
Je crois que je pourrai en parler pendant des heures, mais je suis déjà chiant avec si peu de mots, et ça serait rajouter des couches inutiles à un conseil à la base très simple. Soyez créatifs, s’il vous plaît. Imaginez puis faites des choses, pour vous, pour les autres, pour rien, mais créez, donnez vie à vos idées, et admirez ce dont vous êtes capable, aussi infime cela soit-il. On commence tous comme ça (et comme je l’ai dit, on ne finit jamais.) Et on fait tous des erreurs, des créations foireuses ou débiles. Mais c’est comme ça qu’on apprend, qu’on progresse, et qu’on grandit.