Aujourd’hui était une journée un peu anxieuse et importante pour moi. Aujourd’hui, c’était mon premier gros bilan après avoir passé une année à mon nouveau poste. C’était donc l’heure du bilan. Après avoir enchaîné les remises en questions au cours des deux dernières années, il était temps d’avoir un avis extérieur réellement objectif, quand bien même il ne s’agissait que du domaine professionnel (mais j’ai tendance à croire que le personnel y transparaît aussi un peu). C’est aussi pour ça que j’avais choisi de changer de boulot, l’ancien n’étant plus capable de m’apporter d’autres réponses qu’un « Comme d’hab, c’est bien » totalement dépassionné. Alors, qu’est ce que j’ai gagné de plus à cet entretien là ?
Fondamentalement, j’avais déjà les grandes lignes du sujet, puisque je sais pas trop mal choisir mes chefs, et l’actuel n’est pas du genre à attendre un entretien tous les deux ans pour me dire quand quelque chose va mal. Donc le bilan, c’est une grande satisfaction vis-à-vis de mon travail et de mon adaptation à l’équipe. Je passe vite là dessus, savoir ce qui va bien ne m’intéresse finalement pas beaucoup (en l’occurrence, ici je n’ai pas appris grand chose). Nan, ce qui m’intéresse, c’est ce qui va moins bien. En l’occurrence, il a été question de ma capacité d’écoute. Pas que je ne sois pas capable d’écouter les autres (même si obviously je sais que j’ai encore des efforts à faire là dedans, en particulier d’un point de vue personnel), c’est surtout remonté comme ma capacité de dialogue. Pour parler concrètement, quand un débat émerge, j’ai toujours cette fichue tendance à confronter mon point de vue dans les moindres détails avec ceux de mes opposants. Et on ne remet pas ici en cause mon raisonnement (qui s’avère autant juste que faux suivant les points de vue), mais le fait que je n’admets un compromis que quand on a confronté tous les arguments en stock, là où il faudrait le plus souvent que j’apprenne à ménager mes interlocuteurs, et à leur laisser le temps de faire le même raisonnement que moi, ou à parfois admettre que la solution n’est pas que technique mais aussi politique, et se situe donc quelque part entre nos opinions respectifs. J’ai aussi été mis en garde à propos de mon tempérament parfois un peu rentre dedans, qui s’il convient à beaucoup de monde, peut en froisser certains (et on revient à cette histoire de politique dont je dois me méfier si j’ai toujours pour objectif de revenir à des fonctions de management).
Quelque part, c’est ça qui me manquait dans mon job précédent, et c’est d’autant plus rageant d’avoir entendu quelques mois après que mon ancien chef disait que je n’étais pas un bon manager (quand bien même mon équipe me soutenait le contraire), sans pour autant me l’avoir dit directement, et encore moins avoir dit ce qui n’allait pas et/ou comment l’améliorer. C’est quelque part ce qui a pris au dépourvu mon chef actuel, quand on a fait une évaluation de différents points et qu’on a évoqué ce qui n’était pas encore à niveau avec ce qu’on attend de mon poste (et on en revient à l’écoute). Visiblement, il s’attendait aux deux réactions les plus communes dans ce genre de discussion : soit la défensive (et le déni qui va avec), soit le mutisme (et le « cause toujours tu m’intéresses » qui va avec). Je ne pense pas me tromper en disant qu’il était pris au dépourvu en m’entendant demander comment je pouvais d’après lui progresser sur ces points, et à rentrer dans le détail du travail que j’allais avoir à faire. Mais plus globalement, je suis content d’avoir pu avoir une discussion constructive, qui m’a permis de voir plus ou moins clairement ce que je dois faire pour m’améliorer.
L’autre nouvelle que j’ai appréciée, c’est que mes appels du pied ne sont pas passés inaperçus. J’ai à la base été embauché pour gérer une application qui était devenue assez complexe pour nécessiter une supervision dédiée et l’expertise qui va avec. J’avoue qu’arrivé sur place, le projet paraissait tentaculaire. Mais un de mes points forts d’après l’entretien, c’est mon organisation personnelle. La conséquence, c’est que ce projet tentaculaire est aujourd’hui bien cadré, relativement bien maîtrisé, et est passé de 80% de mon temps de travail à 25/40% suivant les jours. Ca fait donc plusieurs mois que je rappelle au chef qu’il part bientôt à la retraite, et qu’il ferait bien de redistribuer ses propres projets, en particulier à moi. Ca reste à confirmer avec le reste de l’équipe dans le cadre d’une réorganisation globale, mais effectivement, c’est prévu que je reprenne une grosse partie du boulot, la plus intéressante à mon sens. Ca va m’amener à aller plus régulièrement sur Paris, ce qui ne me pose pas vraiment de problème. Mais surtout, ça va me permettre d’ajouter un paquets de cordes à mon arc, et ça va me permettre d’apprendre un paquet de nouvelles choses !
Tout ça pour dire, je craignais un peu de ressortir de cet entretien pas beaucoup plus avancé qu’avant, et finalement, je ressors avec de nouveaux projets et des pistes de progrès personnel. Du très bon, donc.
Ah, les entretiens annuels !
Je me suis entendue dire pdt des années qu’il fallait que j’améliore ma communication, ce que j’ai fait – parce qu’il fallait le faire – jusqu’au jour où j’ai réalisé que généralement les managers qui me reprochaient ça avaient une communication pire que la mienne. Du coup, j’ai relativisé. C’est un peu pénible, du reste, cet entretien qui maintient le collaborateur dans une position infantilisante, qu’en penses-tu ?
Pour le reste, je t’invite à te renseigner sur le haut potentiel, ça t’aidera à mieux comprendre la différence de fonctionnement entre toi et les autres, ce qui, lorsqu’on travaille en équipe, est intéressant à savoir.
Mais avant tout, je suis contente pour toi que cet entretien se soit aussi bien passé 🙂
Vu qu’il y a deux ans, j’étais de l’autre côté de cet entretien, je me plais à penser que ce n’est pas maintenir le collaborateur dans un position infantilisante, à moins que ça ne soit le but recherché au départ, ce qui est débile, on est d’accord. Pour ce qui est de ce qu’on entend à ce genre d’entretien, ça va dépendre de l’interlocuteur, mais un chef qui vient pour me faire des remarques a intérêt à avoir des cas concrets et des solutions concrètes, faute de quoi il se prendra un pipeau. J’ai quelques souvenir de mes entretiens des années précédentes, en fait c’est plus moi qui disait à mon chef ce qu’il faisait mal. Evidemment il ne l’a jamais entendu, sauf le jour où justement je lui ai lancé à la tronche tous les cas concrets. A partir de ce moment là il a commencé à me détester, ce qui est, avouons le, beaucoup plus facile que de se remettre en question.