J’ai vainement tenté d’expliquer à mon libraire pourquoi il ne me trouvait pas sur Facebook, ni sur Twitter, ni sur les neuf dixièmes des réseaux sociaux (je fais acte de présence sur LinkedIn, mais vraiment juste pour la forme, et pour signaler aux collègues quand ils ont des bots dans leurs cercles). Après, je critique pas, c’est de l’avis de chacun. Lui me vante que j’y gagnerai d’être au courant des derniers événements (sauf que je les ai tous les vendredis soir à la boutique), moi je lui vante tout ce qu’il donne à ce système, et dont il se fout pas mal. C’est son droit.
Mais au delà du débat idéologique autour de la protection de la vie privée, je me suis rendu compte après coup que j’ai un autre angle d’attaque pour expliquer mon choix. En fait, et c’est plus vrai que jamais en ce moment, je dispose essentiellement de deux ressources qui, pour moi, sont essentielles : mon temps et mon attention. Et de ce que je peux en dire, tous les réseaux sociaux que je connais phagocytent ces deux ressources. C’est mon choix d’allouer mon temps et mon attention à d’autres sujets qui me semblent plus important.
Alors soyons clairs, je les alloue parfois à des trucs débiles, parfois à des trucs de peu d’intérêt, mais ça reste mon choix conscient, et un choix que j’assume. C’est moi qui décide quoi, et surtout qui, profitera de mon temps et de mon attention (ou le subira, c’est selon les personnes).
Expliquer son choix de ne pas être sur les réseaux sociaux est vraiment compliqué je trouve, et malheureusement souvent voué à l’échec. Convaincre un commerce de communiquer autrement l’est encore plus je pense. Ça serait un beau projet de pouvoir proposer une alternative séduisante.
C’est vrai qu’une fois englué dedans, même si on se rend compte du temps perdu, il est difficile de s’en défaire.
Je pense que pour une alternative, la première question à se poser est le business-model. Arriver à trouver une façon de faire vivre le projet sans devoir exploiter les utilisateurs, c’est possible, mais ça a un coût que beaucoup ne seront pas prêts à payer.
Pour ce qui est de convaincre les gens, j’ai arrêté d’essayer. En fait, j’explique mon point de vue quand on me le demande, c’est tout. Et j’attends ce qui viendra inévitablement (mais c’est une déformation professionnelle) : une merde. C’est là que les gens se font subitement une crise de conscience. Et me disent « au fait, comment tu fais toi, de nouveau » ? C’est con de ne pas pouvoir faire de la prévention auprès de la plupart des gens, mais j’ai fini par croire que c’était la façon la plus efficace sur le long terme.
Ou alors juste de s’entourer de gens qui partagent les mêmes préoccupations que nous.