Jeudi dernier (enfin il y a huit jours) commençait comme une journée tout à fait normale, à ce détail près que les abuseurs avaient prévu un apéro Excalibur de Noël, perspective plaisante s’il en est, quand bien même l’idée d’avoir une dizaine de personnes entassées au fond d’un bar en période de pandémie puisse paraître plaisante. Mais pas mal d’amis que je n’avais pas eu l’occasion de voir depuis longtemps, ça aurait été dommage de les rater.
On sortait tous de nos boulots respectifs, autant dire qu’on n’était pas partis pour durer longtemps, mais assez pour échanger, prendre des nouvelles, renouer des contacts… Ceci dit, ma voisine sortant en plus de son cours de danse, elle décidé de partir un peu plus tôt, laissant son cher et tendre rentrer avec le dernier tram. Et l’histoire aurait pu s’arrêter là.
A la place, elle a appelé une demi-heure plus tard, pour lui dire de rentrer immédiatement, parce qu’ils s’étaient fait cambrioler. Là il faut imaginer les idées qui me sont passées dans la tête. D’abord un peu d’affolement, puis un peu de compassion, d’empathie. Je me suis dit que j’allais l’accompagner, je suis leur voisin, après tout. Mais c’est lui qui m’a rappelé, que nos maisons étant mitoyennes, ça vaudrait le coup que je m’assure aussi que les cambrioleurs n’aient pas fait un combo. J’y croyais pas trop, mais bon, ça restait un risque, et comme de toute façon j’avais prévu de rentrer, j’ai foncé.
Pour la petite histoire, j’ai tellement foncé que je suis arrivé largement avant mon voisin, qui dans la panique, avait pris le mauvais tram, et a mis plus de 4 arrêts à s’en rendre compte…
Et donc à l’arrivée, je trouve la voisine dehors avec un autre pote qui habite dans le coin et qui faisait le tour avec elle. Je rentre comme d’habitude, par le garage, rien d’inhabituel. Je vérifie la porte du fond, les fenêtres, rien. Je monte au rez-de chaussée, ça a l’air normal. Rien dans la cuisine, rien dans la véranda, tout est fermé. Je teste les portes et fenêtres quand même, les fenêtre sont bien fermées, la porte droite aussi et… le dernier panneau de la porte s’ouvre. C’est là que je remarque que la plante devant avait été déplacée, pas beaucoup, mais assez pour que je remarque la différence. C’est dans ce genre de situation qu’on a l’impression que le temps se fige, que tout va au ralenti. Mais ça n’a pas duré longtemps. Je me retourne, je vois le salon et les tiroirs ouverts, et je me dis « Et meeeeerde… ». Je vais à l’étage, c’est un carnage plutôt maîtrisé dans le bureau et dans la chambre, la bibliothèque étrangement intacte.
La suite s’est passée de façon assez automatique, la police est arrivée, a constaté les faits, a fait des relevés, est repartie. Pendant ce temps, j’ai constaté l’autre carnage chez les voisins, celui là beaucoup plus important. Et puis une fois le voisin arrivé (oui, il n’était toujours pas là jusqu’à ce moment), je suis rentré chez moi pour compter les points. J’ai retrouvé tout ce qui avait de la valeur, PC, tablette, chéquier, portefeuille (parce que oui, j’avais laissé le portefeuille à la maison alors que j’allais prendre un apéro… mais ceci est une autre histoire), tout était là. Finalement, ils n’auront pris que les quelques pièces de monnaie que je gardais de côté pour payer au marché, ils auront abîmé un lambris sur le mur du salon (ils se sont dit que j’avais des planques, j’imagine), et je m’interroge toujours sur la façon dont ils sont rentrés. Je pensais qu’ils avaient forcé la serrure, mais il n’y en a pas à l’extérieur. La porte n’ayant qu’un seul point de fermeture, je me suis dit qu’ils l’avaient forcé, mais je n’ai pas trouvé de dégradation sur la porte. Kemal m’a dit que chez lui, des cambrioleurs avaient utilisé un levier pour soulever la porte et sortir le loquet de son enclosure, j’ai pas encore vérifié s’il y avait des marques sur les rails… A suivre.
Ce que j’en retiens, c’est surtout la différence de dégâts entre chez moi et chez mes voisins, et le mode opératoire des cambrioleurs.
Les cambrioleurs ont surtout attaqué l’étage, les chambres, les salles de bains, là où on trouve des bijoux. D’après le policier avec qui j’ai parlé, ils cherchent surtout le petit électronique, téléphone portable, écouteurs sans fil, etc, mais aussi les bijoux, le liquide, les moyens de paiement. Ca explique que la cuisine et la cave soient intactes. Ca explique qu’ils aient déprimé devant ma bibliothèque (il y a des bouquins d’un peu de valeur, mais planqués parmi des milliers d’autres). Évidemment, il y avait bien peu de tout ça chez moi. Pas de bijoux, mon téléphone et mes écouteurs sur moi, par un heureux hasard, j’avais aussi ma liseuse sur moi. Ma tablette était visiblement trop grande. Et mes moyens de paiement à des endroits improbables.
Quant à la différence dans les dégâts, je crois que ça tient à un certain minimalisme. Chez moi, pas beaucoup de tiroirs, et ils sont rarement pleins. J’ai au bureau des boites pleines de bazar de bricolage, mais même là, on voit vite que c’est de la merde qu’il y a dedans. Chez mes voisins de grandes armoires à fringues, vidées en tas, des tiroirs pleins de fringues et de babioles vidés un peu partout. Finalement, me débarrasser de tout le bazar inutile avait du bon, et avoir une maison plutôt vide est plus du genre à dissuader les voleurs.
Reste qu’après en avoir parlé avec d’autres personnes, cette intrusion pouvait être une reconnaissance, pour savoir où sont les trucs plus gros. Après tout, pendant les fêtes, on est souvent ailleurs. C’est pour ça qu’après avoir discuté avec les parents, j’ai décidé de rester à la maison à Noël. Et nouvel an aussi, mais ça c’était déjà prévu. En bon introverti, ça ne me pose pas de soucis.
Là où j’ai eu un soucis, cela dit, c’était pour dormir. La première nuit, je n’ai presque pas dormi, à peine plus la seconde, et j’ai enfin eu un peu de repos la troisième nuit. Ca s’améliore au fur et à mesure, mais quand bien même cette effraction aura eu peu d’impact physique, ça reste un sacré trauma sur le coup, de se dire qu’on n’est pas vraiment en sécurité chez soi, même quand tout est fermé. J’ai un peu l’impression d’être devenu paranoïaque depuis. Mais c’est comme tout, je me dis que ça passera avec le temps. A voir.