Depuis le début de l’année, mon libraire a organisé des soirée « Apéro BD » mensuelles, où les volontaires se retrouvent au magasin, avec de quoi faire un apéro, et une bande dessinée à présenter aux autres. Le concept est sympa, même si c’est réalisé dans la désorganisation la plus totale. Et au delà du fait de parler de bande dessinée, c’est aussi l’occasion de rencontrer des gens, de discuter, et de partager. Je me souviens de l’apéro de Février, où en discutant des anciens de la BD, une personne s’est rappelé m’avoir croisé pendant des années avec mon père dans la précédente librairie (et j’avais le vague souvenir de l’avoir déjà vu moi aussi), une autre m’a demandé si on s’était pas déjà croisé quelque part (mais après avoir énuméré les lieux où on me trouve généralement, on en a déduit que non), et une troisième m’a demandé si j’avais pas un blog (si, mais je le mets à jour assez rarement, en fait). Et le soir même, en rentrant chez moi, j’avais un message sur Habitica me demandant si c’était pas moi qui était à la librairie le soir même.
Je me souviens assez bien de cette soirée-là, parce que c’était une véritable aventure dès le départ. Pour ma part, je rentrais d’une réunion à Paris, avec un train qui partait en retard, et un début d’allergie au pollen qui ne me mettait pas au mieux de ma forme. Je suis arrivé en retard, et au milieu d’une assemblée que je connaissais à peine, à part le libraire, un des clients, et Terkel qui se pousse pour me faire une place et me propose une bière. Je me suis assis, et j’ai écouté les gens parler, parce que je commençais à avoir une migraine assez terrible, en partie due au pollen, et en partie due au fait qu’après une journée en salle de réunion, et une soirée apéro, j’étais vraiment en train de me déshydrater (ça je ne l’ai compris qu’après). C’est donc un miracle que je me souvienne de tout ça, et même que j’ai réussi à finir la soirée. En fait, je me souviens de pas mal de choses, même des mois après. Mais il y a un truc dont je me souviens parfaitement.
Je ne suis jamais à l’aise de me retrouver au milieu de tout un tas d’inconnus, c’est bien pour ça que je me mets dans ce genre de situation. Comme on écoutait une personne parler d’une BD, moi j’en profitais pour faire le tour de l’assemblée, de repérer les gens que je connaissais, ceux que je croyais avoir déjà vu, ceux que je n’avais jamais vu, et … Et il y avait cette fille à l’autre bout du cercle qu’on formait. Je ne la connaissais clairement pas, ça c’était une certitude. Par contre, elle avait quelque chose d’indescriptible, ce petit truc qui fait que même en continuant à faire le tour de l’assemblée du regard, je revenais vers elle à la moindre occasion. C’est pas juste qu’elle était mignonne, il y avait autre chose, comme une aura de curiosité. Le genre de curiosité qui fait que j’ai attendu impatiemment qu’elle prenne la parole, parce qu’elle ne parlait pas en dehors de ça. Ce qui était amusant aussi, c’est que régulièrement, l’une ou l’autre personne se levait pour chercher un truc dans ses affaires, pour prendre un verre à boire ou un morceau à manger, ou présenter sa BD, et qu’en se rasseillant à une autre place, je me retrouvais à me décaler et à me rapprocher toujours un peu plus de cette fille.
C’est quand j’ai presque fini à côté d’elle que je me suis dit que je devais passer pour un creeper, et que bon, elle devait avoir quoi, 25 ans, donc qu’il était temps que je me calme un peu (mon mal de crâne s’en chargeait bien, d’ailleurs). C’est pas grave, je peux bien être sous le charme de cette fille pendant une soirée, profiter du plaisir de cette attirance primitive, et ne rien faire de plus. Ca a beau être un instinct animal qui me poussait à apprécier sa présence, ça veut pas dire que je me comporte comme une bête. J’ai assez de jugeote pour savoir où est ma place dans tout ça. En plus alors que tout le monde était en train de remballer, j’ai eu l’impression qu’elle était hésitante, et pas forcément à l’aise. Et c’est pas ce que j’ai envie de provoquer chez les gens alors j’ai finalement tourné mon attention ailleurs.
C’est là qu’elle est venue me demander si par hasard j’avais pas un blog.
J’aimerai dire que ce que j’ai réussi à balbutier ensuite était causé par mon mal de crâne, mais non, c’est juste que je suis pas doué. Bon, le fait est que c’est quand même vrai que mon blog est un peu moribond ici, en tout cas comparé à ses débuts (les tous premiers, il y a … la vache, bientôt 17 ans !). Je ne crois pas avoir fait forte impression, je m’en suis voulu pendant deux minutes, et puis je me suis rappelé que je me faisais probablement des idées, et que le fait qu’une fille me parle n’était que ça, une conversation, sans la moindre intention derrière. Et donc l’histoire s’arrête là.
Ou pas, puisque j’ai eu le soir même ce curieux message sur Habitica me demandant si c’était moi qui était à la librairie ce soir-là. Ca aurait pu être Louis, celui qui se demandait si on s’était déjà croisé, ou Julien, celui qui m’avait déjà croisé avec mon père. Mais non, c’était bien Aline, qui avait fait le lien entre mon profil Habitica, mon blog, et ma tronche de migraineux pollinisé.
Suite à ça, on a un peu échangé, et assez rapidement on s’est revu pour manger un morceau, boire un verre, et discuter un peu. Ca m’a suffit pour me rendre compte qu’il y avait plein de choses chez elle qui me plaisaient, au delà de cette attirance primitive. Alors dans un élan de courage assez peu commun de ma part, je lui ai dit ce que je pensais, et je lui ai demandé ce qu’elle en pensait (notez que, mon courage étant en quantité limité quand il s’agit de sujet personnel, j’ai attendu le lendemain pour demander ça). Et elle en pensait que l’idée lui plaisait bien. Et d’une certaine manière, l’histoire s’arrête là. Parce que pour tout un tas de raisons, on a convenu d’attendre un peu. On continue de se voir, on continue de discuter, de se découvrir un peu, mais on attend. Je ne prétendrai pas que l’attente est une chose simple, mais c’est quelque chose que je sais faire, et vu que j’ai toujours un million de projets en tête, c’est pas vraiment un effort surhumain de ma part. Et pour la suite, advienne que pourra.
En attendant, je t’avais promis d’un jour te raconter ce que j’avais pensé ce soir là, c’est chose faite, j’espère que ça t’aura fait rire autant que j’en rigole rétrospectivement !