Parfois il y a aussi de grandes victoires, dans la vie, mais je n’aurai pas la prétention de dire que celle-ci en est une. Et donc une victoire aujourd’hui, oui. Un sacré sac de nœuds dans ma tête qui vient de se dénouer. Il faut dire que je suis connu pour sur-intellectualiser les choses, ce qui aide à la formation d’immenses sacs de nœuds.
Alors par où commencer ? Tout a commencé à la lecture d’un article sur un site que j’aime beaucoup, mais si je veux essayer d’être clair, autant commencer par l’autre début. S’il s’agit bien du début ? Attention, ça risque de devenir conceptuel…
J’ai déjà parlé ici de sémantique générale. Pas forcément souvent, parce que ça a tendance à gonfler mes interlocuteurs, mais un peu quand même parce que c’est un sujet que j’aime beaucoup. Sauf que c’est un sujet passionnant auquel je n’ai jamais réussi à intéresser les gens. Faut dire qu’expliquer la sémantique générale… La page Wikipedia est pas mal, … pour qui connaît déjà un peu le sujet. J’ai essayé de l’expliquer de mes propres mots, et à chaque fois on m’a répondu « nan mais c’est une évidence/banalité, ce que tu dis là« . C’est tellement une évidence que presque personne n’arrive à l’intégrer à son quotidien ?! Ou c’est peut être juste que j’explique mal.
Aujourd’hui, pour vulgariser, je dirai que la sémantique générale est un outil très utile pour transmettre (ou recevoir) une idée. Le fait est que le langage (écrit ou oral) est un vecteur très imparfait pour véhiculer des idées. Notre vocabulaire n’a pas l’immense granularité que peuvent avoir nos idées. Et donc, la sémantique générale se veut un moyen d’appréhender notre incapacité à traduire une idée en mots et inversement. Le fait reste que certaines personnes sont tellement persuadées d’avoir une parfaite empathie qu’elles estiment ça suffisant pour comprendre les autres (et elles sont souvent persuadées que les autres ont le même niveau d’empathie pour les comprendre). J’ai beau avoir une certaine empathie, ça serait illusoire de croire que c’est suffisant. Et honnêtement, la sémantique générale n’est pas le remède miracle non plus, mais c’est un outil supplémentaire.
Parlons maintenant un peu de cet article que je mentionnais précédemment. Ca parle d’intelligence émotionnelle, et de comment les mots nous manquent souvent pour exprimer correctement nos émotions. Je laisse les gens que ça intéresse lire l’article, il est vraiment instructif, et si ça n’est pas aussi scientifique que ça le semble, les concepts développés ont beaucoup de sens. Et ça met le doigt sur une chose intéressante : c’est très difficile, voir impossible, de gérer des émotions (ou pour aller plus loin, des idées) pour lesquelles on n’a pas de mots.
Et là j’ai fait le lien avec plusieurs choses.
D’abord avec mon état actuel. Les gens qui me sont proches voient qu’en ce moment, quelque chose me tourmente. Pour autant, je ne dirai pas que je vais mal ; rien n’est jamais aussi binaire, c’est une évidence, mais j’ai maintenant commencé à comprendre que le spectre des émotions est plus vaste que les mots que j’ai, sauf à prendre le temps de commencer à décrire, aussi long que ce processus soit, ce que je ressens. C’est comme ça que j’arriverai à assembler des mots autour de tout ça, et probablement, si je suis les conseils de l’article, à fabriquer mes propres mots (après tout, je développe pas ma créativité juste pour le plaisir, il faut bien que ça serve un peu aussi). Et j’ai commencé à le faire.
Ce qui m’a amené à un autre lien. Parmi toutes les personnes dont je suis (ou en l’occurrence ai été) très proches, ce qui a beaucoup aidé à ce qu’on soit proches justement, c’est l’adoption d’un langage commun, parfois en utilisant les mots que l’on avait, parfois en créant des termes rien qu’à nous. Le fait est qu’on avait notre propre langage dédié (et dans une certaine mesure, je pense que tout le monde fait ça à sa façon). C’est ce langage commun, ces termes rien qu’à nous qui ont fait qu’on se comprenne si bien. Mais avoir une trop grande confiance en ce langage peut s’avérer problématique, parce que de la même manière qu’on le créé au fur et à mesure, il évolue aussi dans nos têtes au fur et à mesure. Et c’est là que je constate que souvent, lorsque je m’éloigne des gens, c’est parce que, bien qu’on utilise toujours le même langage, la signification qu’on donne à ces mots n’est plus vraiment la même, et on a perdu cette capacité à se comprendre instinctivement et en peu de discours.
Et maintenant, quoi ?
Déjà dans un premier temps, je pense qu’il faut que je développe mon propre vocabulaire personnel. Et c’est là qu’on trouve des choses intéressantes dans les autres langues, où certaines émotions qui en soi ne sont pas usuelles ou même pas conceptualisées dans notre culture locale, ont un mot pour les exprimer, mot qui du coup est intraduisible. J’étais déjà tombé sur un glossaire de certains de ces mots intraduisibles il y a des années, il a disparu depuis, j’aurai du en garder une copie… Ou il faudrait que je commence à en faire un ici.
Dans un second temps, il faudrait que je réfléchisse à un moyen de rester à jour dans les langages communs qu’il me reste, et ceux que je construis. Ca, je ne sais pas encore comment faire. Mais ça mérite réflexion.