Un des choses qu’on m’a souvent reproché, encore récemment, c’est qu’il y a toute une partie de ma vie que je garde pour moi. Même auprès de mes meilleur·e·s ami·e·s. Et c’est vrai. Mais c’est en train de changer, doucement. Et ici aussi.
Alors parlons de ces dernières semaines (derniers mois, même, le temps passe vite). C’était fin juillet, en prenant un apéro avec un couple d’amis ; ne romançons pas ce qui n’a pas besoin de l’être, ils m’ont présenté une de leurs amies, que je connaissais un peu pour avoir passé quelques heures à discuter avec elle un an et demi plus tôt, à un anniversaire. J’avoue avoir des à priori et voir ça comme des plans pourris en général ; mais comme je dis, tout change. Et si je n’étais pas tout à fait sur de ce qu’elle pensait de moi la première fois qu’on s’est vus (et soyons honnête, je ne savais même pas ce que je voulais moi-même), le second apéro était beaucoup plus clair sur ses intentions. Je pourrai dire que ça faisait du bien d’attiser l’intérêt de quelqu’un après presque deux ans de passage à vide, mais ça serait atténuer le simple fait que ça me semblait une chose que de prendre le temps de la connaître un peu mieux, et de ne pas jouer les connards rabat-joie. Alors j’ai arrêté de réfléchir (un exploit, aidé par quelques bières) et le reste de la soirée fut assez intéressant.
Se pose ensuite (le lendemain) le problème que rencontre toute personne qui a été trop captivée par son interlocutrice pour poser les bonnes questions, et qui finit par se dire « Wait ! What just happened ? » Ouais, il y a un truc entre nous, mais de quelle nature, j’en sais trop rien, et même si je pensais le savoir, je ne me fierai pas à mon instinct, qui jusqu’à présent m’a trop souvent raconté de la merde. J’ai ressorti mon cahier de leçons, et la première leçon était à peu près logiquement de lui témoigner de l’intérêt, de préférence clair et non ambigu, mais sans pour autant laisser penser qu’on est déjà accroché comme une sangsue à sa proie. Alors on échange quelques messages sympas mais sans trop en faire non plus. Et le jour d’après, je lui demande si elle a envie qu’on se revoit. Elle aurait pu me répondre oui et ça m’aurait plu. Elle aurait pu me répondre non et ça m’aurait fait chier mais je l’aurai accepté. Elle m’a répondu que c’était compliqué.
Bon, soit, leçon 465, la société (qu’est ce que je la déteste, celle là) pousse les filles à ne pas dire non mais à contourner le problème. Et ça y ressemblait un peu. Alors OK, je sais gérer le rejet. Cela dit, là, ça me semblait pas tout à fait clair ; mais j’allais pas non plus faire le bourrin et ne pas accepter une prise de distance (ça au moins c’était clair). J’ai continué à envoyer quelques messages en diminuant mon rythme, histoire de lui laisser l’espace qu’elle demandait. Et quand le couple d’amis qui nous avait présentés m’a demandé ce que ça donnait et que je leur ai raconté ça, j’ai eu droit à un « d’habitude, oui, c’est un soft no, mais dans son cas, ça peut aussi effectivement être un j’ai besoin de temps et on a pas la moindre idée duquel des deux il s’agit ici ! »
Le doute, il n’y a rien de pire, et ouais, c’est un peu ça qui m’a mis dans tous mes états ces derniers temps. Alors je fais quoi ? Bah à défaut d’y voir plus clair, je continue avec un message de temps en temps, histoire de garder un contact sans pour autant être trop intrusif. Et puis sa chienne de 12 ans est tombée gravement malade, et ça l’a beaucoup affectée. Là j’ai eu droit à un « t’es quelqu’un de très gentil, mais on se connaît à peine et là je ne suis pas prête à partager ces moments difficiles« . Et elle a raison. Je vais être honnête, y’a un tas de réponses qui me sont passées par la tête en une demi seconde, et j’ai été assez rapide pour les intercepter et les foutre à la poubelle parce que c’était essentiellement de la merde. Après un peu de réflexion, j’ai opté pour la remercier de sa franchise, lui dire que je comprenais que ce n’était pas ma place actuellement et qu’il fallait que je la laisse respirer, que si elle avait plus tard envie de discuter, je serai là, et que quel que soit ses décisions, je lui souhaitais de trouver ce qu’elle cherchait.
Je me plais à croire que j’ai réagi en adulte, mais ça ne fait pas moins mal de me dire qu’encore une fois, j’avais quelque chose de bien entre les doigts et que ça m’a à nouveau échappé (en à peine quelques heures, un record pour moi). Alors bon, j’ai une carapace en titane, j’ai appris il y a bien longtemps à passer à d’autres choses, mais comme je dis souvent, la seule constante à tous mes échecs, c’est moi. J’aimerai un jour arriver à mettre le doigt sur ce que je fais mal. Ou c’est peut-être juste la faute à pas de chance et je dois apprendre à ne pas m’imaginer responsable de tout.
J’aimerai croire qu’on reprendra contact, elle et moi, mais je ne retiens pas ma respiration pour ça, je pense que les probabilités sont très faibles. Alors ouais, ça m’a affecté. Ca ne m’a pas non plus complètement démonté, parce que comme elle l’a dit si justement, on se connaissait à peine. J’en étais juste à essayer de voir comment se passait la chimie entre nous. Mais je mentirai si disais que ça m’avait laissé indifférent, et que ça n’avait absolument pas ramené quelques vieux souvenirs à la surface.
Le bon côté des choses, c’est qu’intérieurement, j’ai eu la même réaction que d’habitude dans cette situation : Et si je faisais des travaux à la maison ! Espérons que cette fois-ci, ça prendra pas six mois de planification et un an d’exécution.
Ah, je suis déçue pour toi de cette issue malheureuse. Mais bon, sait-on jamais. Perso, je trouve que tu as eu la bonne réaction, savoir s’éloigner quand il le faut, c’est une délicatesse qui n’est pas donnée à tout le monde.
« Sait-on jamais. » > comme je disais, je ne retiendrai pas ma respiration.
Quand à savoir s’éloigner quand il le faut… Oui, bon, déjà, c’est quelque chose que j’apprends au fur et à mesure, j’ai parfois été un sacré crampon (j’ai grandi depuis). Et ça laisse quand même une question en plan : Est-ce qu’on aurait pu faire quelque chose pour qu’on n’ai pas besoin de s’éloigner ? Mais avec l’expérience, j’ai tendance à croire que c’est une question pour laquelle on n’a jamais de réponse, et qu’il faut apprendre à vivre avec. Là aussi, je suis loin d’être parfait. Mais j’apprends.