C’est un secret pour personne, j’aime beaucoup Star Wars. Ça a bercé une bonne partie (si ce n’est la meilleure) de mon enfance, et c’est l’une des sources les plus prolifique de mon imagination. Ma review du dernier film ne peut donc pas être objective. C’est pas comme si c’était important.
Donc oui, Star Wars, c’est bon, mangez-en©. Mais encore ?
Des vieux et des jeunes
C’est un secret de polichinelle, les trois acteurs principaux de la trilogie originale sont de retour. Oui, on voit Luke, Leia et Han. Et Chewbacca, C3PO, R2D2. Mais pas beaucoup. Ils sont plus là pour la décoration pour l’instant (sauf un), et s’ils sont partie intégrante (et majeure) de l’histoire, ils laissent la place aux nouveaux héros que sont Poe, Finn et Rey (par ordre d’apparition). Bon, Poe, c’est un peu triché, il était prévu dans le scénario d’origine qu’il meurt très vite, et finalement ils l’ont gardé. Il joue un rôle intéressant mais pas le plus essentiel, espérons qu’il aura quelque chose de plus conséquent par la suite. Finn, c’est la petite interrogation, dans la mesure où il y a quelques mystères à son sujet, mais ce que je retiens, c’est que c’est le Jack Burton de l’histoire ; ça plus le fait que pour une fois, on a un héros de couleur bien développé. Reste Rey, le personnage essentiel de cette histoire, que certains ont qualifié de Mary Sue, mais à mon sens pas plus ou pas moins que d’autres personnes de l’univers Star Wars (je soupçonne que ce qui a gêné une partie du public, c’est que c’est une fille qui poutre tout au sabre laser). Rey est clairement affichée comme étant la grosse énigme de l’histoire, avec un passé flou mais pas inconséquent. Il y a déjà plein de théories du complot quant à sa filiation, et sincèrement, j’espère que les solutions les plus obvious ne seront pas celles retenues. En attendant, elle ne se laisse pas emmerder, et c’est plus souvent elles qui sauve les miches de Finn que l’inverse.
Par ailleurs, comme ça a déjà été dit mille fois, tous ces acteurs sont relativement inconnus, ce qui rend leur prestation d’autant plus crédible. Quand on regarde The Force Awakens, on voit bien Rey, Finn ou Poe. On ne voit pas Samuel L. Jackson en train de jouer Mace Windu, ou Nathalie Portman en train de (mal) jouer Padmée. « Ah mais elle est trop canon, Nathalie Portman« , qu’on m’a répondu la dernière fois… peut-être, mais sa prestation dans Star Wars est à pleurer. Pour autant, il y a quelques têtes connues dans le film (à part Harrison Ford). Rien de choquant, mais des acteurs qu’on a déjà tous vu, certains dont on se rappelle pas où et probablement aucun dont on se souvienne du nom. C’est pas vraiment grave, vu leur rôle très limité, mais ça se remarque.
On prend les mêmes et on recommence
Le scénario, quant à lui, laisse songeur. Un héros (mais pas une princesse cette fois-ci) qui hérite de plans secrets, et les cache dans un droïde avant de se faire capturer et torturer par les méchants ; le droïde, lui, part en vadrouille est se fait recueillir par l’autochtone d’une planète désertique, non sans avoir d’abord du batailler avec un ferrailleur. Les méchants qui ont une arme surpuissante qu’on pourrait décrire comme une Death Star en plus grand (la surenchère est une valeur sûre) mais qui sera détruite lors d’un assaut rebelle ciblant la seule faille (bien évidemment mal protégée). Il y a aussi un passage obligé à la cantina, qui a son petit orchestre ; la fuite en Millenium Falcon, avec une chasse aux TIE Fighters ; j’en passe et des meilleures. Certains voient ça comme une resucée du premier Star Wars, j’y vois plus un hommage à la trilogie originale et une façon de s’y ancrer. Et c’est sans compter tout le reste de l’histoire qui diffère en bien des points de ce qu’on a connu, dont le point le plus important, il n’y a pas d’Ewoks, cette race de nounours mangeurs d’humains qui a défait l’élite de l’empire à coup de bâtons et de cailloux.
Science, logique, et autres concepts superflus
Comme d’habitude, je ne peux pas m’empêcher de noter les défauts scientifiques, et comme tout bon film de science-fiction (et encore, j’ai plus tendance à rapprocher ça de l’héroic-fantasy), il y en a une palanquée. Sans spoiler précisément, je tiens à rappeler que tous les astres sont un fragile équilibre entre fusion (explosion) et gravité (implosion) ; on ne touche pas impunément à cet équilibre, certainement pas avant d’avoir maitrisé un concept aussi simple que la sphère de Dyson. A noter quand même, les explosions pleines de jolies flammes dans le vide spatial ont été limitées à un minimum, c’est toujours ça de pris.
La logique quant à elle est aussi malmenée, mais peut être de façon moins flagrante que lors du débarquement sur Hoth. Le plus gros truc que je retiens, c’est certaines énormes coïncidences, que le scénario essaye péniblement de justifier. Le Millenium Falcon est en vol depuis 5mn qu’il est déjà repéré par [spoilers]. Le vaisseau est infesté de pirates et de trois exemplaires des monstres les plus horribles de la galaxie qui dévorent les méchants en une demi seconde mais traînent les héros sur des centaines de mètres avant de tomber dans un piège improvisé ? C’est pas grave, on abandonne le navire avec tout ce qu’il contient d’important, et on file avec une coque de noix qui ne fonctionne plus bien, mais visiblement juste assez pour faire un démarrage gangster.
I find your lack of faith disturbing
Et malgré tout ça, Star Wars, c’est bon. Ah j’avais prévenu que je serai pas objectif…
Déjà, on a des actrices et des acteurs expressifs, et dont les expressions collent à l’action. Rey passe la majeure partie du film au bord de la dépression nerveuse, et ça se voit. Finn est totalement largué du début à la fin et ça se voit (et ça s’entend). Kylo Ren est plus puissant que ce qu’ont pu montrer Darth Vader, Yoda et Obi-wan réunis, et pourtant il n’est clairement pas fini… et ça se voit ! On y croit ! Et puis il y a Luke Skywalker… Son expression dans ce film vaut de l’or en barre.
Il y a l’aspect du film, qui est moins propre et fade que la prélogie, et au moins aussi réaliste que la trilogie originale. Je ne reviens pas là dessus, c’était un argument marketing depuis le début. Il y a toute la tension construite dès les premières minutes du film, subtilement diffusée tout au long du film, et qui culmine avec la scène finale qui m’a fait verser quelques larmes lors du premier visionnage (et c’était pas loin de repartir la deuxième fois que je l’ai vu).
Mais non, tout ça c’est des broutilles. Ce qui est le succès du film, et qui intrinsèquement était le succès de la trilogie originale, c’est tout ce que ce film ne dit pas. Oui, il y a ces mystères qui sont en suspens à la fin du film et qui ne sont pas sans rappeler le tour de force qu’avait réussi l’Empire Contre-Attaque, de terminer le film en laissant le spectateur sur un putain de cliffhanger, sans répondre à aucune des questions qu’on a tous en tête. Mais il y a aussi tous ces détails, ces allusions, ces non-dits qui fourmillent dans le film. Qui est cet homme qui a mis la main sur la carte que tout le monde cherche, et comment l’a t-il trouvée ? Quelle terrible bataille a eu lieu sur Jakku pour laisser des marques pareilles ? Qui sont les chevaliers de Ren, qu’on aperçoit à peine, et sont-ils des siths ou quelque chose de tout à fait différent ? Pourquoi le sabre de Kylo Ren est tout bizarre (ça c’est un détail que les connaisseurs de l’Univers Étendu connaissent) ? Qui sont ces nouveaux stormtroopers, qui ne sont pas des clones mais des enfants enlevés à leur famille dès leur plus jeune age ? Qui est le nouveau chef à la tête du First Order, et est-il aussi grand qu’il en a l’air ? Est-il un sith, ou quelque chose d’autre lui aussi ?
Alors quoi ?
Comme beaucoup de films, il y a à boire et à manger dans Star Wars. Il y a des critiques à faire, et des choix à féliciter. Mais ce que je retiens, c’est qu’à nouveau, cet univers fait la part belle à l’imagination. C’est ce qui avait fait de moi un gamin rêveur à l’époque, et probablement la raison qui a valu à ma prof de français au collège de me diagnostiquer un état de démence avancé. Et c’est ce que réussit l’épisode VII aujourd’hui, en me mettant des étoiles plein les yeux et plein la tête à nouveau.