Il y a excessivement peu de temps, Aline me faisait remarquer que je prêchais une façon de faire, tout en expliquant que je faisais autrement. La question était donc de savoir s’il y avait plus de nuances que je le disais, ou si j’étais juste mauvais à tenir mes propres recommandations. La réponse, comme souvent, c’est « … un peu des deux… » Parce qu’aucune réponse n’est jamais simple.
Alors, on se dit tout ?
Je prêche de toujours dire ce qu’on pense, même quand on croit que les autres le savent déjà, oui. L’exemple que je ressors à chaque fois, c’est le jour où ma sœur m’a dit que ça ne servait à rien de dire aux parents qu’on les aime, parce qu’ils le savent déjà. Ma réponse aura été de dire que ça les surprendrait d’autant plus (et à n’en pas douter ça leur ferait plaisir) qu’on le leur dise. La gratitude n’est jamais une mauvaise chose (parfois si, mais les nuances viendront plus tard).
Mais de façon plus générale, mon approche du sujet est guidée par ma propre expérience (le scoop …), et comme je suis d’une nullité sans égal à comprendre le non-dit, que je ne sais pas décrypter le non-verbal et le para-verbal, j’ai une réelle difficulté quand les choses ne sont pas dites. Alors ce que je demande aux autres, j’essaye logiquement de l’appliquer moi-même.
Finalement, je vois le fait de dire ce qu’on pense comme une libération. Parce que c’est un moyen de vider tout un tas de choses qu’on accumule (un peu comme le fait d’écrire tout ça me permettra de ne plus le ressasser intérieurement), parce qu’au moins je ne m’interroge plus sur le fait que les gens ont ou non compris ce que j’avais en tête (là aussi, de GROSSES nuances à venir), et parce que je me sens plus juste avec moi même, à dire les choses comme je les vois (à condition d’accepter que les autres voient les choses différemment).
Dire ce que je pense m’a rapproché de tout un tas de personnes (à qui je continue de vouloir exprimer ma gratitude), et m’a éloigné d’un autre tas (majoritairement composé de gens qui avaient différents degrés de toxicité) (mais pas que…). Donc j’ai envie de dire que dans l’ensemble, ça m’a permis de me sentir mieux. Et j’aime à croire que ça a permis aux autres (du moins le premier tas de personnes) de se sentir mieux avec moi.
Vraiment tout ce que je pense ?
Mais je crois l’avoir déjà raconté il y a longtemps (j’ai la flemme de chercher un lien, surtout que je ne suis même pas sûr qu’il soit encore en ligne), j’ai un soucis qu’on est probablement plusieurs à partager, à savoir que je pense quand même beaucoup de conneries. Alors bon, ces conneries ne durent pas longtemps face à une seconde de réflexion, mais je n’aurai probablement même pas atteint l’adolescence si j’avais dit tout haut ce que je pensais au moment où je le pensais. Ou alors il aurait fallu que les gens s’habituent à m’entendre dire « non mais en fait je suis totalement con, je dis n’importe quoi. » Il y a des pensées qui me viennent par réflexe et qui me vaudraient des baffes si je ne les raisonnais pas.
Évidemment, j’essaye d’arrêter de penser des conneries. Mais le propre de l’inconscient, c’est qu’il ne se maîtrise pas consciemment. On ne peut le gérer qu’en lui opposant un moment de réflexion. Alors tout dire ? Oui, mais quand on a la certitude que c’est bien le reflet de ce qu’on pense.
Même quand je le pense vraiment ?
Et c’est là qu’on se dit que parfois les choses sont plus faciles à dire qu’à … Oh wait … enfin bon, on s’est compris. Finalement, parfois les choses sont trop faciles à dire.
Si je disais tout ce que je pensais, j’ai plus d’un collègue qui m’entendrait lui demander de fermer sa gueule. Et à l’inverse, j’ai déjà des personnes que j’ai fait fuir parce que j’exprimais trop de gratitude, trop d’affection. Probablement aussi parce que je l’exprimais mal. C’est finalement là la plus grosse nuance que j’ai à apporter. Dire les choses vise avant tout à servir un message. Quand ce qu’on dit dessert ce message, alors il vaut mieux se taire, ou accepter d’entendre quelqu’un nous dire « Encore une bonne occasion de fermer sa gueule de perdue. »
Je pourrai parler de question d’interprétation, de sémantique générale, mais parfois, il n’y a rien à interpréter. Il y a quelques personnes à que je dois des excuses, par exemple ; mais c’est des personnes qui n’ont souvent pas spécialement envie d’entendre parler de moi, et donc ça ne ferait que desservir mon message que de dire quelque chose. Il y a les personnes qui m’apprécient parce que je sais conserver une certaine distance ; alors que ce que je ne dis pas donnerai l’impression que je veux combler cette distance (et parfois, en plus, c’est bien le cas).
J’en ai conscience, il y a beaucoup d’imagination de ma part dans les réactions que je prête aux autres. Après tout, je ne suis que dans ma propre tête, et c’est déjà bien assez ; c’est probablement un peu prétentieux de ma part que de prétendre savoir comment les autres réagiront à ce que je dis. Si ça se trouve, certaines personnes réagiraient peut-être autrement que ce que j’imagine. Mais la question n’est pas là. La question est plus de savoir si j’accepterai le risque d’avoir raison. Parfois oui, parfois non. Il y a des choses auxquelles je tiens trop.
Ce qu’on garde pour soi
Il reste que s’il y a des choses que je ne dis pas, il n’y a que très peu de choses que je cache (je n’en vois pas, immédiatement, mais je ne jurerai de rien). Quand on me pose la question, je dis le fond de ma pensée, même si c’est des choses que je gardais pour moi, parce que ce qu’on dirait spontanément n’est pas entendu de la même manière que les réponses qu’on donne. Je me rattrape donc comme ça, à me dire que tous les sujets ne sont pas obligés de venir de moi, et que les choses que je garde sont plus des choses qui maturent dans mon esprit en attendant qu’on me les demande. Et je resterai honnête si le sujet arrive. Parce que là aussi, ce que j’attends des autres, je fais de mon mieux pour l’appliquer à moi-même.